À un moment où la quatrième révolution industrielle commençait à être sur toutes les lèvres, la start-up Wizata fut créée en 2014 en tant qu’entreprise de services pour l’industrie et était rapidement pressentie pour devenir un acteur majeur dans le domaine de l’industrie 4.0.

À l’époque, ces fondateurs constataient que l’industrie générait et collectait un très grand nombre de données, alors que celles-ci n’étaient pas exploitées dans la prise de décision. À leurs yeux, c’étaient précisément les processus industriels qui se prêtaient le mieux à accueillir des solutions « Data Science ». Appliquer des algorithmes d’intelligence artificielle (IA) et de machine learning (ML) dans les opérations de production permettrait d’optimiser et d’automatiser les processus de fabrication et de résoudre des problèmes de qualité, que ce soit au niveau de la maintenance préventive, de la production de déchets ou encore de l’utilisation de l’énergie, avec l’objectif final d’augmenter la performance de l’activité de production.

Cette approche incrémentale, capable d’apporter d’importantes économies, ne manqua pas d’intéresser l’industrie manufacturière. Certains groupes internationaux comme les sidérurgistes ArcelorMittal au Canada et Aperam au Brésil ou encore le cimentier Holcim ont fait appel aux services de Wizata. Très rapidement, ces clients souhaitaient répliquer les solutions IA de Wizata aux chaînes de production de leurs autres sites industriels. Ce qui fit évoluer Wizata d’une société de services vers un fournisseur de technologies.

Après avoir été Microsoft Country Partner of the Year en 2016, la start-up présenta en 2019 à la Hannover Messe sa plateforme digitale, qui peut facilement être mise à l’échelle et reproduite dans différents secteurs industriels avec des configurations et fonctionnalités similaires. La solution Wizata consiste en l’automatisation d’une ligne de production grâce à l’intelligence artificielle, sans intervention externe. Pour ce faire, la connaissance des procédés est primordiale. Dans une première phase, le processus du client est digitalisé en créant un Digital Twin. Ce jumeau numérique est ensuite doté d’intelligence moyennant un algorithme IA. Le Digital Twin récupère ainsi des données qui, ou bien servent à donner des recommandations à l’opérateur (par exemple pour changer certains paramètres ou détecter des anomalies), ou bien sont réinjectées de manière autonome dans le système, fonctionnant en boucle fermée. Ainsi le machine learning en apprentissage continu et, par conséquent, le processus de production s’optimisent dans le temps.

Tout au long de ce déploiement d’intelligence artificielle sur sa ligne de production, le client garde la main sur ses données et sur la propriété intellectuelle de sa technologie, le concept de Wizata étant de livrer la plateforme sur base d’un abonnement. Par ailleurs, l’interface de la plateforme est très user-friendly, permettant une utilisation tout aussi aisée pour l’ingénieur process, le manager ou l’opérateur.

Depuis lors, la société a bien grandi avec un chiffre d’affaires qui a doublé. « Même s’il arrive que d’autres secteurs comme la finance ou les assurances sollicitent l’expertise et la technologie de Wizata, nous avons pris la décision de nous focaliser sur notre core business qu’est l’industrie manufacturière » précise Philippe Maes, CEO et co-fondateur. « Parmi nos clients, on retrouve de grands noms, comme l’entreprise de matériaux Carmeuse, qui applique notre modèle à ses fours à chaux, ainsi automatisés dans 13 pays, et qui peut dès lors réaliser l’importants gains d’énergie et de temps. » Mais il ne faut pas nécessairement être un gros acteur pour utiliser l’IA. Philippe Maes recommande de commercer petit sur un modèle pilote, puis de passer à un upscale de celui-ci et d’identifier l’autres axes d’optimisation sur la ligne de production. « Cette approche par étapes représente un coût d’investissement limité avec un ROI rapide. » Il souhaite avant tout dédiaboliser l’IA, qui est, selon lui, un outil extraordinaire, d’ores et déjà accessible pour augmenter la performance opérationnelle dans l’industrie. Force est, toutefois, de constater que l’Europe en général, et le Luxembourg en particulier ont une attitude conservatrice par rapport à la digitalisation, qui, de ce fait, n’avance pas aussi rapidement qu’ailleurs dans le monde.
« À l’inverse de la robotique, l’IA ne remplacera pas les hommes, mais ils seront appelés à travailler avec cet outil puissant. Une utilisation de plus en plus poussée de l’intelligence artificielle ne va pas nuire à l’industrie, tout au contraire ! »

FEDIL, Echo des Entreprises, Zoom, Wizata, Photo: Ann Sophie Lindström
FEDIL, Echo des Entreprises, Zoom, Wizata, Photo: Ann Sophie Lindström
FEDIL, Echo des Entreprises, Zoom, Wizata, Photo: Ann Sophie Lindström
FEDIL, Echo des Entreprises, Zoom, Wizata, Photo: Ann Sophie Lindström
FEDIL, Echo des Entreprises, Zoom, Wizata, Photo: Ann Sophie Lindström

Avec l’appui de ses investisseurs finindus, KBC Focus Fund, Volta Ventures et le Digital Tech Fund d’Expon Capital, Wizata compte bien continuer à accroître son activité et à contribuer à la transformation des entreprises vers l’industrie 4.0. La start-up conçoit son développement d’abord sur l’axe du marché : en continuant d’évoluer dans l’industrie manufacturière et la transformation de matériaux, la solution de Wizata peut être appliquée à des procédés similaires. Qu’il s’agisse de la fabrication d’acier, de ciment, de verre, de chaux, ou plus récemment dans le secteur alimentaire, les clients y rencontrent des problèmes récurrents qui peuvent être résolus grâce à l’IA. Par ailleurs, l’équipe de Wizata travaille à développer des solutions verticales applicables aux différentes phases de la production. A côté de la détection d’anomalies, leur plateforme digitale permet aussi de réaliser des gains en termes de consommation d’énergie, par exemple par la réduction du débit de gaz dans un four de recuit. Il va sans dire que l’optimisation de l’efficience énergétique, qui est aujourd’hui un sujet de préoccupation présent dans toute l’industrie, fait partie intégrante de la performance des opérations de production.

Avec la technologie Wizata labellisée « Made in Luxembourg »,
Philippe Maes se félicite d’évoluer dans l’écosystème luxembourgeois, où le gouvernement affirme sa volonté de promouvoir la technologie et où les collaborations au niveau de la recherche et de l’innovation sont nombreuses. Même si logement et mobilité sont aujourd’hui des préoccupations réelles, la situation centrale du Grand-Duché a toujours l’avantage d’attirer des talents, surtout dans le domaine des data scientists, venant de tous les horizons. Ainsi, sur une vingtaine de collaborateurs, treize nations sont représentées dans l’équipe de Wizata, au service d’une clientèle internationale et luxembourgeoise.

« Servir le monde à partir du Luxembourg », telle est la devise de Philippe Maes.

FEDIL, Echo des Entreprises, Zoom, Wizata, Photo: Ann Sophie Lindström